2024 : L’UE Intensifie la Lutte Contre la Big Tech – Quelles Conséquences ?

L’année 2024 s’annonce particulièrement mouvementée pour les grandes entreprises technologiques. Les derniers mois pourraient s’avérer tumultueux, car l’Union européenne mettra en œuvre avec vigueur son nouvel ensemble de mesures juridiques destiné à réguler les géants du numérique. Un an après l’implémentation du règlement sur les services numériques, un texte sans pareil à l’échelle mondiale, Bruxelles […]

0
2024 : L’UE Intensifie la Lutte Contre la Big Tech – Quelles Conséquences ?

L’année 2024 s’annonce particulièrement mouvementée pour les grandes entreprises technologiques. Les derniers mois pourraient s’avérer tumultueux, car l’Union européenne mettra en œuvre avec vigueur son nouvel ensemble de mesures juridiques destiné à réguler les géants du numérique.

Un an après l’implémentation du règlement sur les services numériques, un texte sans pareil à l’échelle mondiale, Bruxelles a réussi à obtenir sa première victoire significative contre les grandes plateformes numériques. En effet, TikTok a été contraint de retirer de manière permanente une fonctionnalité jugée “addictive” de son application sur le territoire européen.

Cette mesure s’inscrit dans la continuité d’une série d’actions entreprises au début de l’été, ciblant des géants comme Apple, Meta et Microsoft. D’après des sources au sein des institutions européennes, d’autres développements sont prévus avant la fin de l’année, incluant l’ouverture de nouvelles enquêtes et l’élargissement de la liste des plateformes devant se conformer aux exigences de l’Union européenne.

Deux législations, accompagnées de leurs acronymes de plus en plus reconnus des deux côtés de l’Atlantique, sont au centre de l’initiative européenne actuelle : le DSA (Règlement sur les services numériques), qui traite des contenus sur Internet, et le DMA (Règlement sur les marchés numériques), qui concerne la concurrence.

“Ce n’est que le commencement.”

Depuis l’implémentation de cette nouvelle réglementation en mars, l’Union Européenne a initié diverses investigations et a exercé des pressions sur Apple afin que la société reconsidère sa position dans son conflit avec Epic Games, le développeur de Fortnite, concernant sa plateforme de distribution d’applications.

Un résultat concret : Apple a fait une concession en Europe qui n’a pas été appliquée dans d’autres régions du globe.

Selon Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne et experte en matière numérique, la Commission européenne s’acquitte de sa tâche en appliquant le DMA avec des moyens restreints et dans un laps de temps relativement court, surtout en comparaison avec les enquêtes de concurrence qui peuvent s’étendre sur de longues périodes.

“Ce n’est que le commencement”, affirme pour sa part Jan Penfrat, spécialiste de l’EDRi, une ONG qui milite pour la protection des droits des internautes.

En juillet, EDRi et plusieurs organisations, y compris ARTICLE 19, ont élaboré un inventaire des secteurs où, selon leur analyse, Apple ne se conforme pas au DMA. M. Penfrat a déclaré à l’AFP : “Nous espérons que la Commission abordera ces problématiques en temps opportun.”

Conflits sous les projecteurs des médias

Apple critique plusieurs des stipulations du DMA, soutenant qu’elles pourraient mettre en péril la confidentialité des utilisateurs ainsi que la protection de leurs données.

Au mois de juin, la société Apple a été la première à faire l’objet d’accusations officielles pour violation des réglementations du DMA. Si ses explications fournies à la Commission ne sont pas considérées comme adéquates, elle pourrait faire face à des sanctions financières considérables.

Le 8 août, le collectif a révélé des changements concernant son App Store pour se conformer aux exigences de la DMA. Ces modifications ont été rapidement qualifiées de “déroutantes” par la Coalition pour l’Équité des Applications.

L’affaire concernant X (anciennement Twitter) sera observée de près afin d’analyser les nouvelles prérogatives de l’Union européenne.

Les dispositions du DSA concernant la lutte contre la désinformation et les discours de haine ont récemment provoqué une confrontation largement couverte par les médias entre Elon Musk, le milliardaire à la tête du célèbre réseau social, et Thierry Breton, le commissaire européen responsable du numérique.

En arrière-plan, se profile la menace de sanctions financières ou même d’une fermeture totale de la plateforme par l’Union Européenne en cas de répétition de violations significatives.

Margrethe Vestager, la commissaire européenne chargée de la Concurrence, affirme que Bruxelles progresse à un rythme soutenu.

En réalité, le but principal du DMA a toujours été de réduire la durée des enquêtes antitrust, qui pouvaient s’étendre sur plusieurs années. Grâce à cette nouvelle législation, ces enquêtes sont désormais restreintes à une période de 12 mois. Cependant, les grandes entreprises concernées ont la possibilité de contester ces décisions devant les juridictions de l’Union européenne, ce qui pourrait entraîner des conflits juridiques prolongés.

En dehors des instances judiciaires, les géants de la technologie disposent d’autres atouts. En juin dernier, Apple a révélé qu’il reporterait l’introduction de ses nouvelles fonctionnalités d’intelligence artificielle dans l’Union européenne, invoquant des “incertitudes liées à la réglementation”.

Selon Jan Penfrat, les déclarations de la société américaine visent à influencer la Commission afin qu’elle adopte une approche moins rigoureuse dans l’application des règles.

Daniel Friedlaender, à la tête de CCIA Europe, un groupe de pression pour le secteur technologique, suggère qu’au lieu de proclamer des sanctions potentielles avec une approche fortement politique, les investigations liées à la DMA devraient privilégier l’établissement d’un véritable échange entre la Commission européenne et les entreprises impliquées.

Cependant, la Commission semble résolue à progresser et à garantir que chaque aspect du domaine numérique, y compris l’intelligence artificielle, soit soumis à l’attention des régulateurs en Europe.

Sylvain LucasS
ÉCRIT PAR

Sylvain Lucas

Adepte du fitness et mélomane, passionné par l'écriture et la poésie. 💪🎵📝 #Écriture #Passion #Créativité

Réponses (0 )



















Articles liés