Maggie Smith, décédée vendredi à 89 ans, était un monument du théâtre et du cinéma britannique, inoubliable interprète de la truculente comtesse douairière dans la série télévisée Downton Abbey, un rôle qui avait changé sa vie.
Un Tony Award, quatre Emmy Awards, deux Oscars, trois Golden Globes, six Baftas dont un d’honneur… Maggie Smith avait raflé un nombre impressionnant de récompenses au fil des ans, qui soulignaient son talent sur les planches comme au petit et grand écran.
Au cours de sa longue carrière, “Dame Maggie” a embrassé des rôles aussi différents que mère supérieure aux côtés de Whoopi Goldberg dans “Sister Act” (1992), professeure de “métamorphose” dans les films de la saga Harry Potter, chaperon névrosée dans “Chambre avec vue” (1986) ou sans domicile fixe dans “The Lady in the Van” (2015).
Mais c’est le personnage de la comtesse de Grantham, Lady Violet Crawley, aux répliques délicieusement vachardes et mimiques hilarantes, qui lui a apporté une célébrité internationale.
“Je menais une vie parfaitement normale avant Downton Abbey”, série vendue dans plus de 150 pays, racontait l’actrice en avril 2017 au British Film Institute. “J’allais au théâtre, dans des galeries d’art, des choses de ce genre, toute seule. Maintenant je ne peux plus”, se lamentait-elle.
L’actrice a interprété l’impitoyable aristocrate pendant six saisons de la série télévisée (2010-2015) créée par Julian Fellowes, décrochant un Golden Globe et trois Emmy Awards.
Après avoir d’abord refusé de participer aux adaptations de la série sur grand écran, l’actrice avait finalement joué dans les deux films sortis en 2019 et 2022.
L’an dernier, elle avait été choisie comme égérie par la maison espagnole de mode Loewe.
Vieille dame acariâtre
Née le 28 décembre 1934 à Ilford, dans l’Essex (sud-est de l’Angleterre), Margaret Smith débute sur les planches de l’Oxford Playhouse au début des années 1950. Elle rejoint ensuite la troupe du théâtre londonien de l’Old Vic puis celle du Royal National Theatre où elle enchaîne les succès, aux côtés de son mari, l’acteur Robert Stephens.
Sa carrière au cinéma décolle dans les années 1960 et elle décroche en 1969 l’Oscar de la meilleure actrice pour “Les belles années de miss Brodie”.
Son mariage avec Robert Stephens, alcoolique, infidèle et dépressif dont elle a deux fils, s’effondre en revanche en 1973. Elle divorce en 1975 et se remarie peu de temps après avec le dramaturge Beverley Cross, avec lequel elle part vivre et travailler au Canada.
L’une des artistes britanniques les plus connues et les plus célébrées, Maggie Smith avait été faite Dame commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 1990 et Compagnon d’honneur en 2014.
Artiste complète, elle était connue pour son humour et son souci de la perfection, virant vers la férocité.
“C’est vrai que je ne tolère pas les imbéciles, et par conséquent ils ne me tolèrent pas, et donc je me hérisse. C’est peut-être pour cela que je suis assez bonne pour jouer les vieilles dames acariâtres”, déclarait-elle au quotidien britannique The Guardian en 2014.
Elle avait ainsi excellé en interprétant la très snob et glaçante Lady Constance dans le film “Gosford Park” de Robert Altman (2001), dont le scénariste était déjà Julian Fellowes, qui écrira Downton Abbey.
Elle “peut capturer en un instant plus que de nombreux acteurs peuvent transmettre dans tout un film. Elle peut être en même temps vulnérable, féroce, sombre et hilarante et apporte chaque jour au plateau l’énergie et la curiosité d’un jeune acteur qui vient de débuter”, a dit d’elle Nicholas Hytner, qui l’a dirigée dans “The Lady in the van” (2015).
Maggie Smith avait survécu à un cancer du sein diagnostiqué en 2007 et avait participé au tournage du film “Harry Potter et le Prince de sang-mêlé” (2009) alors qu’elle suivait un traitement de chimiothérapie. “J’étais chauve comme un oeuf”, avait confié au Times en 2009 l’actrice qui avait dû porter une perruque.
Elle souffrait également de la maladie de Basedow, maladie auto-immune de la thyroïde qui provoque notamment un déplacement de l’oeil hors de son orbite.
Maggie Smith laisse deux fils, les acteurs Chris Larkin et Toby Stephens, qu’elle avait eus avec Robert Stephens.
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