La libération samedi de Hamid Noury, un ancien haut responsable de l’administration pénitentiaire iranienne qui purgeait une peine de prison à vie en Suède pour son rôle dans des exécutions de masse, en échange de celle de deux Suédois retenus en Iran a été critiquée par des mouvements d’opposition iraniens en exil, mais aussi par des ONG de défense des droits humains.
Scène d’étreinte à l’aéroport Arlanda de Stockholm samedi 15 juin après l’atterrissage de l’avion qui a ramené Johan Floderus en Suède. Ce diplomate de l’Union européenne a été retenu un peu plus de deux ans en Iran.
Johan Floderus et un autre Suédois, Saeed Azizi, ont été libérés samedi en échange de Hamid Noury, 63 ans, ancien haut responsable de l’administration pénitentiaire iranienne qui purgeait une peine de prison à vie en Suède pour son rôle dans des exécutions de masse.
“Je suis dans le ciel et je me sens émotionnellement comme si j’étais au septième ciel. J’ai attendu ce (moment) depuis presque 800 jours”, avait déclaré samedi le jeune diplomate européen dans un entretien par téléphone satellitaire avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson à bord du vol qui le ramenait dans son pays samedi.
Johan Floderus avait été arrêté en avril 2022 alors qu’il s’apprêtait à revenir chez lui après des vacances. Accusé d’espionnage, il risquait la peine de mort.
Le sultanat d’Oman a servi d’intermédiaire dans les négociations entre Stockholm et Téhéran, selon l’agence de presse omanaise ONA.
Cet échange intervient trois jours après la libération du Français Louis Arnaud, détenu en Iran depuis septembre 2022.
Une libération critiquée par les ONG de défense des droits humains
Hamid Noury, lui, a retrouvé le sol iranien samedi. L’Iranien, arrêté en 2019 à Stockholm, avait été condamné à la perpétuité pour son rôle dans les exécutions de masse d’opposants ordonnées par Téhéran en 1988.
Hamad Noury avait été arrêté en 2019 à l’aéroport de Stockholm, où des opposants iraniens affirment l’avoir attiré pour permettre son arrestation avec la complicité de son gendre. Cette interpellation avait été rendue possible par l’extraterritorialité des crimes les plus graves en droit suédois.
L’homme a été condamné en juillet 2022 à la prison à perpétuité pour “crimes aggravés contre le droit international” et “meurtres”, une première dans le monde pour de tels faits.
Des groupes de défense des droits humains estiment qu’au moins 5 000 prisonniers ont été exécutés en Iran à l’été 1988 lors de sentences prononcées à la chaîne par des “comités de la mort”.
Le gouvernement suédois a défendu sa décision de libérer Hamid Noury, malgré les critiques formulées notamment par les mouvements d’opposition iraniens en exil, mais aussi par des ONG de défense des droits humains.
“Libérer Hamid Noury, reconnu coupable par un tribunal suédois d’avoir participé à l’exécution massive de prisonniers politiques, récompenserait les preneurs d’otages et les criminels. Le message adressé au régime iranien est que quels que soient les crimes que vous commettez, nous sommes prêts à dialoguer avec vous. Cette décision mettra encore plus en danger tous les citoyens occidentaux voyageant en Iran et dans les pays voisins”, avait prévenu sur X le directeur de l’ONG Iran Human Rights, qui recense les cas de violations des droits humain en Iran.
“Dans des circonstances normales, Hamid Noury aurait dû purger sa peine de prison”, a déclaré samedi soir à la presse le ministre de la Justice Gunnar Strommer. Mais c’était “une situation exceptionnelle, avec deux citoyens suédois détenus en Iran pour des motifs arbitraires, avec le risque d’une condamnation à mort dans l’un des cas”, a-t-il souligné. “C’était une décision difficile, mais le gouvernement devait la prendre”, a ajouté le ministre.
Le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billstrom a assuré que Stockholm avait tenté d’obtenir sa libération, mais que Téhéran avait refusé de discuter de son cas car il ne reconnait pas la double nationalité. “Malheureusement, l’Iran refuse de le reconnaitre comme citoyen suédois”, a souligné Tobias Billstrom.
Téhéran retient encore huit citoyens européens. Leurs soutiens clament leur innocence et des ONG les considèrent comme des “otages” utilisés pour obtenir la libération d’Iraniens détenus à l’étranger. L’Iran affirme qu’ils sont détenus en vertu d’une décision judiciaire.
Avec AFP
Réponses (0 )