Qui aurait cru qu’un rap allemand sur la rhubarbe rencontrerait un succès planétaire ? Pas son créateur, Bodo Wartke, bluffé par les millions de vues de sa rengaine entêtante qui fête les mots et les sons.
Posté sur YouTube à la mi-décembre 2023, le “bar à rhubarbe de Barbara” s’est transformé en hit mondial grâce à l’adaptation chorégraphique en avril de deux étudiantes australiennes.
En mai, le titre a été brièvement à la 12e place des classements musicaux de TikTok, devant la superstar américaine Beyoncé.
Pas mal pour un “virelangue”, ces défis d’élocution faits de phrases à prononcer très vite sans les écorcher.
Débiter le “Rhabarberbarbarabar” de Bodo Wartke revient à chanter “les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches” sur un rythme hip hop.
Et pourtant le fantaisiste de 47 ans avoue à l’AFP “aimer moyennement ce légume trop fibreux et trop acide sauf quand il est préparé en crumble ou en confiture avec des fraises”. Mais il se délecte depuis longtemps de la sonorité du mot.
Bodo Wartke a donc décidé, avec son complice créateur de contenu Marti Fischer, d’adapter en musique cette histoire du bar à rhubarbe de Barbara et de ses clients, des barbares buvant de la bière en se faisant raser la barbe.
Sous l’eau et sur roulettes
“Même dans nos rêves les plus fous, nous n’aurions jamais imaginé un tel succès”, reconnaît M. Wartke, qui se produit depuis 27 ans dans des cabarets, en Allemagne, Autriche et Suisse.
© JENS SCHLUETER / AFP
“Le bar à rhubarbe de Barbara” a enregistré plus de 47 millions de vues sur TikTok et été traduit dans de nombreuses langues. La chanson et sa chorégraphie ont été reprises ces derniers mois par des internautes aux quatre coins de la planète, y compris sous l’eau, en patins à glace ou à roulettes.
Egalement auteur de deux pièces de théâtre, celui qui voulait dans sa jeunesse devenir professeur de musique et d’allemand a pour spécialité d’interpréter des chansons comiques au piano.
Bodo Wartke a déjà dans le passé décliné de nombreux virelangues germaniques, comme “Fischers Fritz fischt frische Fische” (le pêcheur Fritz pêche des poissons frais, ndlr).
“Jusqu’ici, j’ai toujours pensé que je m’adressais à un public allemand. Je croyais qu’il fallait comprendre le sens pour apprécier”, dit-il.
“Mais visiblement, la joie que nous éprouvons, la sonorité des mots assemblés en allitération combinée au hip hop, tout cela se transmet au delà du sens”, ajoute ce Berlinois d’adoption, derrière des lunettes rondes qui lui donnent un air d’étudiant malicieux.
Préjugés
Selon lui, “beaucoup de gens pensent que les Allemands sont dépourvus d’humour, ne savent pas s’amuser et que l’allemand est une langue agressive”.
“Maintenant ils revoient leurs préjugés et c’est justement ça qui me réjouit”, explique-t-il. “Des gens m’écrivent que notre chanson leur a donné envie d’apprendre notre langue”.
Pour achever de tordre le cou aux clichés de l’Allemand austère, il a également repris sur TikTok, en duo avec Marti Fischer, la chorégraphie du “bar à rhubarbe de Barbara” qui a affolé la toile.
Il l’interprète dans un costume rose clair, tout en se déhanchant allègrement. “La chorégraphie, ce n’était pas du tout notre spécialité et nous avons dû beaucoup nous entrainer”, reconnait-il.
Parmi les reprises sur TikTok qui l’ont particulièrement réjoui, celles d’un groupe d’enfants en Ouganda. “Cela montre à quel point nous sommes finalement tous unis à travers le monde”, commente-t-il.
Fort de son succès, le duo Wartke et Fischer réfléchit à présenter son spectacle dans des pays non germanophones. “Les chansons resteraient en allemand mais nous les présenterions en anglais”.
Et il envisage une candidature au Concours de l’Eurovision de la chanson, convaincu qu’il y a marge d’amélioration pour l’Allemagne qui a fini à la dernière place en 2022 et 2023.
© 2024 AFP
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