Macron et Barnier : Une alliance surprenante entre droite et centre

Le gouvernement de Michel Barnier, annoncé samedi soir, comprend 39 membres, dont 20 macronistes et 10 issus de rangs du parti Les Républicains. Un casting ministériel qui illustre les fondamentaux sur lesquels repose l’alliance conclue entre Emmanuel Macron et LR : poursuite des mêmes politiques économiques et droitisation du régalien et du sociétal. Tout ça […]

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Macron et Barnier : Une alliance surprenante entre droite et centre

Le gouvernement de Michel Barnier, annoncé samedi soir, comprend 39 membres, dont 20 macronistes et 10 issus de rangs du parti Les Républicains. Un casting ministériel qui illustre les fondamentaux sur lesquels repose l’alliance conclue entre Emmanuel Macron et LR : poursuite des mêmes politiques économiques et droitisation du régalien et du sociétal.

Tout ça pour ça. Au terme d’une attente de 16 jours depuis la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre et de 76 jours depuis le second tour des élections législatives anticipées, la France, samedi 21 septembre, a enfin un nouveau gouvernement. Certains noms ont changé, mais les étiquettes restent à peu près les mêmes. Au final, des ministres de la droite et du centre ont remplacé des ministres du centre et de la droite. Une coalition entre la macronie et Les Républicains (LR) qui a de quoi donner aux Français comme une impression de déjà-vu.

Car si Matignon a été offert à une personnalité LR, les équilibres entre ministres, ministres délégués et secrétaires d’État restent en faveur de la macronie. Le nouveau gouvernement compte ainsi 39 membres, dont 20 issus de la coalition présidentielle contre 10 pour le parti Les Républicains – le reste du gouvernement étant composé de quatre divers droite, de deux députés du groupe Liot, de deux “personnalités expertes” et d’un divers gauche.

Par ailleurs, pas moins de sept ministres nommés samedi soir faisaient partie de l’équipe démissionnaire de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) conservent même leur portefeuille, tandis que Jean-Noël Barrot (Europe et Affaires étrangères), Marina Ferrari (Économie du tourisme), Guillaume Kasbarian (Fonction publique), Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique et Énergie) et Catherine Vautrin (Partenariat avec les territoires et décentralisation) changent de fonction. Geneviève Darrieussecq (Santé) fait elle son retour puisqu’elle était déjà membre des gouvernements entre 2017 et 2023.

Avec un tel casting, le Nouveau Front populaire, coalition de gauche arrivée en tête aux législatives et possédant la majorité relative à l’Assemblée nationale avec 193 députés, n’a pas manqué de souligner cette continuité entre les gouvernements Attal et Barnier.

“Ce n’est pas un nouveau gouvernement. C’est un remaniement. Ce n’est pas une cohabitation. C’est une collaboration. Vite, tournons la page”, a notamment posté sur X Fabien Roussel, patron du Parti communiste français.

Vers une politique économique inchangée

S’il faudra attendre le discours de politique générale du Premier ministre devant l’Assemblée nationale, mardi 1er octobre, pour connaître dans le détail les projets de Michel Barnier, tout laisse à penser que les grandes lignes économiques tracées par Emmanuel Macron depuis 2017 ne seront pas modifiées.

“Je défendrai sans transiger la croissance, l’activité et l’emploi : ce n’est qu’ainsi, grâce au travail des Français, qu’on crée de la richesse et que l’on peut ensuite la redistribuer”, affirme d’ailleurs le tout nouveau ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, dans un entretien avec le très conservateur Journal du Dimanche. Et s’il dit ne pas “exclure d’office” une hausse de certains impôts, ce macroniste de la première heure insiste surtout sur la nécessité de “baisser la dépense publique” et de “la rendre plus efficace”.

Comme annoncées dans les documents budgétaires transmis quelques jours plus tôt au président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, et au rapporteur du budget, Charles de Courson, les coupes budgétaires seront drastiques : entre 15 et 20 milliards d’euros d’économies visées pour 2025.

Mais le gouvernement Barnier ne sera pas qu’une continuité des deux premières années du second quinquennat d’Emmanuel Macron, il marquera aussi un durcissement. En matière d’immigration et de sécurité, d’abord, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, symbolisera cette droitisation – extrême diront certains – de l’exécutif.

Un parfum de Manif pour tous

Le patron des sénateurs LR est celui qui avait contraint Gérald Darmanin à considérablement durcir la loi Immigration votée en décembre 2023, n’hésitant pas à reprendre à son compte plusieurs propositions de l’extrême droite. Et à l’image de son parti qui a refusé de participer au “front républicain” lors des dernières législatives, Bruno Retailleau a voté blanc lors du second tour de la présidentielle de 2022 opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Le Vendéen, ancien protégé de Philippe de Villiers, tient également des positions ultra conservatrices sur les sujets sociétaux : déjà contre le mariage pour tous il y a une dizaine d’années, et plus récemment contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution ou contre l’interdiction des “thérapies de conversion” des personnes LGBT.

Bruno Retailleau est d’ailleurs loin d’être un cas isolé dans cette équipe gouvernementale. Plusieurs ministres incarnant cette droite conservatrice ont été nommés par Michel Barnier, à l’image de Laurence Garnier (Consommation), Patrick Hetzel (Enseignement supérieur) ou encore Annie Genevard (Agriculture), qui ont notamment tous voté contre la constitutionnalisation de l’IVG.

Pour Emmanuel Macron, c’est sans doute le prix qu’il fallait payer pour s’assurer de la participation et du soutien du parti Les Républicains à son nouveau gouvernement. Minoritaire à l’Assemblée nationale avec seulement 165 députés, la coalition présidentielle peut désormais compter sur les 47 élus du groupe Droite républicaine. Réunis, la droite et le centre forment désormais l’alliance la plus forte de l’hémicycle avec 212 sièges.

De quoi éviter la censure d’ores et déjà promise par la gauche ? La majorité absolue (289 députés) n’est toujours pas atteinte et le gouvernement Barnier pourrait donc tomber si d’aventure les voix du Rassemblement national se joignaient à celles du Nouveau Front populaire. L’exécutif croise les doigts. Ses clins d’œil en direction de l’extrême droite pourraient être appuyés et répétés.

Magalie FavagerM
ÉCRIT PAR

Magalie Favager

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