Le sauveur de la Géorgie, un outil de la Russie, philanthrope, oligarque… Bidzina Ivanishvili a été qualifié de tous ces épithètes, mais pas seulement.
Le milliardaire, est la personne la plus riche de Géorgie et le fondateur du parti au pouvoir, mais il est rarement vu en public, et presque toujours derrière une vitre pare-balles. Cependant, sa présence semble forte sur ce petit pays européen pris entre la Russie et l’Occident, qui lors des prochaines élections pourrait façonner son destin. Ivanishvili peut regarder le centre de Tbilissi, depuis une résidence massive au sommet d’une falaise, à environ 60 mètres au-dessus de la capitale. Il satisfait ses passions exotiques, comme garder des requins et des zèbres, et planter des arbres rares. Le sexagénaire est vu par de nombreux amis et ennemis comme la figure la plus puissante de Géorgie, ou comme une sorte d’éminence grise, même s’il n’a pas occupé de poste public depuis plus d’une décennie. Il a décrit les élections de samedi comme une guerre existentielle pour empêcher l’Occident de pousser la Géorgie vers un conflit destructeur avec son ancien maître, la Russie, tout comme il l’a fait avec l’Ukraine. “La Géorgie et l’Ukraine n’ont pas été autorisées à rejoindre l’OTAN et ont été laissées de côté,” a-t-il déclaré lors d’une rare apparition publique à un rassemblement pro-gouvernemental à Tbilissi le 29 avril. “Toutes ces décisions sont prises par le Parti de la Guerre Mondiale, qui a une influence décisive sur l’OTAN et l’Union Européenne, et qui voit la Géorgie et l’Ukraine uniquement comme de la chair à canon.” Alors que la majorité des 3700000 habitants de la Géorgie sont enclins à se rapprocher de l’Occident, en rejoignant l’UE et l’OTAN, et ne font largement pas confiance à la Russie, les sondages montrent que le message d’Ivanishvili résonne avec beaucoup de ceux qui veulent éviter à tout prix le sort de l’Ukraine. Les souvenirs d’une guerre en 2008 avec la Russie sur les régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, soutenues par Moscou, qui a duré cinq jours et s’est terminée par la défaite de la Géorgie, sont frais. Ivanishvili, qui était pro-occidental pendant la première décennie de son parti au pouvoir, n’était pas disponible pour une interview pour cet article, tandis que son parti, Rêve Géorgien, dit qu’il reste engagé envers l’intégration à l’Ouest et une politique pragmatique envers la Russie voisine.
