Faut-il avancer ou rester en retrait ? Les socialistes montrent leurs désaccords concernant la nomination du prochain Premier ministre, s’exposant ainsi à des accusations de “trahison” de la part de leurs partenaires de gauche. Pendant ce temps, Emmanuel Macron, observant la situation avec attention, prolonge indéfiniment ses discussions à l’Elysée.
La structure politique se déplace vers la gauche. Après que le président a rejeté, en début de semaine, l’idée d’un gouvernement du Nouveau Front populaire sous la direction de Lucie Castets, le Parti Socialiste semble retrouver ses anciennes tensions internes.
“La situation au sein du parti est critique”, a déclaré Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin et critique d’Olivier Faure, dans un message détaillé sur X. Elle a exprimé le besoin de “relancer les pourparlers avec le président de la République” pour “explorer de nouvelles pistes en vue d’un Premier ministre socialiste ou social-démocrate”.
Un autre représentant du courant minoritaire au sein du Parti Socialiste, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, soutient également une approche pragmatique. Dans une interview accordée à franceinfo, il a déclaré qu’il serait judicieux de saisir l’opportunité de mettre en œuvre, même partiellement, des mesures significatives concernant les salaires, l’éducation et le système de santé. Selon lui, il est essentiel de tenter cette voie.
Dans une interview accordée au Point, François Hollande adopte une approche moins directe en affirmant que les socialistes devraient “appuyer toutes les initiatives susceptibles de faire progresser la nation”. Cependant, il rejette fermement l’idée d’une “collaboration avec le centre, qui serait inéluctablement condamnée à l’échec”.
De nombreuses affirmations vont à l’encontre de la position officielle du parti, qui, tout comme les autres membres du NFP, refuse de se rendre à l’Élysée pour aborder des sujets autres que la possibilité d’une cohabitation avec Mme Castets à Matignon. Cela laisse présager des échanges animés et directs lors de l’université d’été du PS, qui débute ce jeudi à Blois.
Un événement suivi avec attention au Palais, où un allié du président remarque que “des changements se produisent” et souligne également que le Parti Socialiste ne lance pas d’appel à la mobilisation pour le 7 septembre, à la différence de La France insoumise. Cette manifestation, lancée par des syndicats d’étudiants, vise à dénoncer “l’action autoritaire d’Emmanuel Macron”.
“L’alternative la plus avantageuse”
Suffisamment pour ébranler l’alliance de la gauche ? Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, a exprimé sur CNews et Europe 1 ses préoccupations concernant une “fraction au sein du Parti Socialiste qui semblerait privilégier des actions de soutien ou de préservation du gouvernement macroniste”, ce qui, selon lui, constituerait une trahison envers le choix des électeurs.
Marine Tondelier a également exprimé des réserves similaires. Lors d’une intervention sur LCI, la dirigeante des Écologistes a affirmé que ceux qui choisiraient de s’allier avec le gouvernement actuel “se trahiraient sur le long terme” et que “l’histoire en fera le bilan”.
Mardi, les membres du parti socialiste ont réussi à s’entendre sur une “position très nette”. Selon le député Arthur Delaporte, interrogé sur Sud Radio, ils ont affirmé que “tout gouvernement qui continuerait dans la lignée du macronisme sera inévitablement soumis à une censure”.
Cependant, les partisans de Macron nourrissent l’espoir de convaincre certains, envisageant même de nommer une personnalité telle que Bernard Cazeneuve à Matignon. “Un Premier ministre issu du centre-gauche capable d’attirer un maximum de sociaux-démocrates serait la solution idéale”, approuve le député Mathieu Lefevre.
Bernard Cazeneuve a réagi à la description d’un potentiel futur Premier ministre, soutenue par François Bayrou, un allié de longue date du président, lors d’une intervention sur BFMTV et RMC.
En parallèle, Emmanuel Macron prolonge sans cesse le mandat du gouvernement de Gabriel Attal, qui gère les affaires courantes depuis maintenant 43 jours.
La décision concernant le futur successeur est repoussée alors que le calendrier des discussions du président s’étend. Ce dernier a rencontré à nouveau François Bayrou ainsi qu’Edouard Philippe, son ancien Premier ministre, mardi. De plus, il est prévu qu’il discute mercredi en fin de matinée avec les leaders de la Droite républicaine, avec Laurent Wauquiez en première ligne.
Au sein du gouvernement, des invitations à la collaboration ont été lancées, en particulier par des anciens membres des Républicains. Rachida Dati a exhorté sa formation politique à envisager une alliance lors d’une intervention sur France Inter, tandis qu’Aurore Bergé a proposé sur TF1 un “soutien sans engagement direct”.
Après avoir été absorbé par le lancement des Jeux paralympiques, M. Macron a prévu plusieurs rencontres jeudi matin avec des figures politiques locales importantes. Il commencera par échanger avec Carole Delga (PS) et Renaud Muselier (Renaissance), représentant les régions, avant de rencontrer David Lisnard, président de l’Association des maires de France et membre des Républicains. Par la suite, il partira pour une mission officielle en Serbie.
Réponses (0 )